mardi 24 mars 2015

Chronique : Mercyless - Abject Offerings


Les bonnes idées passent parfois inaperçues, ce qui en soit est bien dommage. C’est un peu le cas avec l’initiative du label français Great Dane Records qui a réédité fin 2014 le premier album de Mercyless : Abject Offerings.
Le marché du disques est en berne et en pleine mutation depuis de nombreuses années, ce n’est un secret pour personne. Cependant, un marché parallèle s’est développé, celui de l’occasion. De nombreux opportunistes envahissent les sites de ventes d’occaz et tentent de vendre à prix d’or les éditions originales de groupes cultes, étant donné que celles-ci sont épuisées depuis un bail. Pour contrer ces brocanteurs pas tentés, la solution de la réédition parait être l’alternative la plus simple, crédible et moins coûteuse. De plus, elle permet de donner un peu d'exposition aux anciennes formations, et de leur offrir la possibilité d’être connues d’un public plus jeune.



Enregistré en 1991, c’est en 1992 que sortira Abject Offerings, la faute à la fermeture du label qui devait éditer le disque. Une année perdue que l’on peut qualifier de « précieuse » étant donné qu’à cette période le Death Metal bat son plein, et que les productions se multiplient. Il était donc important d’occuper le terrain et de défendre ses créations rapidement sous peine d’être un peu en marge, et de laisser filer le train de la reconnaisse.

Abject Offerings est un album de pur Death Metal Old School, avec une pointe d’éléments Thrash. Dès les premières notes on se rend compte que c’est du lourd, c’est violent, maîtrisé, technique. Le chant de Max bien que guttural, ne va pas chercher sa source dans trop de profondeur et n’alourdi pas le son général de la production. Musicalement Mercyless n’est pas dans un étalage de technique ou une surenchère de riffs complexes. Pour autant le groupe est en place, et multiplie les changements de rythmes en passant d’accélérations furieuses à des passages plus oppressants en mi tempo, ce qui rend de fait la musique aérée. Le piège du parpaing compact et indigeste d’un Death brutal est évité, illustration faite avec les sublimes titres « A Message For All Those Who Died » et « Flesh Divine ». L’album est produit par le très renommé Colin Richardson, sommité de cette époque. La patte Richardson apporte à Abject Offerings un son incroyable qui puisse son énergie dans un mixage fabuleux où tous les instruments et le chant trouvent leur places. Difficile de ne pas mentionner le batteur Gérald Guenzi, véritable pieuvre humaine qui assomme par des blasts énergiques et épate par un technique et un touché sublime, très certainement l’un des meilleurs de sa génération. 

Avec de pareils musiciens et un tel producteur, tous les éléments étaient réunis pour faire de ce disque une des plus belles oeuvres du Death Metal made in France. C’est donc d’un très bon oeil que je vois cette réédition, qui rend justice à Mercyless mais aussi à la scène Death / Thrash du début des années 90. Seul bémol, le format digipack très simple et sans livret, on pouvait espérer un plus bel écrin pour sa seconde vie. Mais je pinaille, cela ne relève que du détails.

Après les rééditions des premiers Massacra par Century Media, et celle-ci par Great Dane Records, il n’est pas utopiste de penser que d’autres labels pourraient, par exemple dépoussiérer d’autres sublimes albums, comme ceux de Agressor ou Loudblast, qui en occasions se monnayent à des prix indécents.

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En écoute : Quelques titres de Abject Offerings via le Bandcamp de Great Dane Records



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Shades of God.

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