J’ai découvert Nephren-Ka lors de la sortie de « The Fall of Omnius » en 2013. Au-delà du talent que j’ai trouvé chez ses musiciens, c’est aussi le concept et la vision du groupe qui m’a plu.
Il était temps pour Shades of God de partager cette découverte, et aussi de donner la parole à Laurent, le chanteur de la formation, qui à une vison assez large du Death Metal, mais aussi de la scène française et de son fonctionnement.
Laurent : Nephren-Ka est une entité Death Metal née en pays
arverne et qui existe depuis 2006. Nous avons sorti deux albums : Revenge and
Supremacy (2010) autoproduit puis réédité dans la foulée chez Great Dane Records et The
Fall of Omnius chez Kaotoxin (2013).
Nous évoluons dans un Death Metal à tendance brutal /
tech, mais sans mettre de côté les fondamentaux anciens du style.
Ces dernières années nous avons joué un peu partout
en France avec notamment Antropofagus, Devangelic, Corpus Diavolis, Napalm
Death, Exhumed, Cephalic Carnage, Whoresnation, Kill The Client, Eye Of
Solitude, Karne, Ad Patres, etc…
On ne demande qu’à monter sur scène pour peu que notre
musique intéresse.
Où en est
le groupe depuis la sortie de The Fall of Omnius paru en 2013 ?
Nous avons défendu notre album sur scène, chez nous
en Auvergne, mais aussi à Nantes, Marseille et Lille notamment. Nous avons
parallèlement composé des morceaux pour donner un successeur à The Fall of
Omnius. Nous avons de la matière brute pour travailler et allons nous atteler à
cela après les derniers concerts de cet été.
NEPHREN-KA
évolue dans un Death Metal assez technique et brutal, d’où viennent vos
influences ?
Çà dépend pour qui. Thibaud notre batteur aime
principalement la scène brutal Death récente, pour faire simple, son Death
Metal a lui c’est Nile, Origin ou Beneath The Massacre. Alexandre le bassiste a
une formation Jazz mais est également grand fan de Alex Webster ou Mike Flores,
du coup groove et technicité sont ses atouts. Sébastien pioche ses influences
dans tous les types de Death Metal, de Ulcerate à Bolt Thrower en passant par
Immolation et Hate Eternal (c’est d’ailleurs un fan de Erik Rutan), il est
également grand amateur de Black Metal, tout comme moi.
En ce qui me concerne je suis plus branché par les
scènes Old School, tout en appréciant les styles plus modernes comme Origin,
Malignancy ou Visceral Bleeding.
Si je devais citer des chanteurs qui
m’ont marqué, je dirais Frank Mullen (Suffocation) pour l’attitude et son
chant caractéristique, Corpsegrinder (Cannibal Corpse) pour sa flexibilité vocale et sa présence,
Glen Benton (Deicide) pour son coffre et le grain « Evil », Bo Summer (Illdisposed) pour son timbre «
subwoofer », James Lee (Ex Origin) pour sa palette et son flow.
Concernant le concept, comme tu le sais, tout tourne
autour du cycle de Dune de Frank Herbert et des travaux de son fils avec
Anderson.
Je pense que c’est la somme de toutes ces influences
qui fait la particularité de Nephren-Ka. Nous ne sommes pas des acharnés des
passages ultra techniques « T’as vu comme je sais trop bien jouer », mais
nous ne sommes pas non plus du genre à se contenter de deux riffs bateaux à la
Six Feet Under, il faut un équilibre.
Comment se
passe la collaboration avec votre label Kaotoxin Records ? Tu peux y aller, il
ne me lit que rarement, charge le s’il faut ! Hahaha
Si il y avait des problèmes avec Kaotoxin, le boss
serait le premier au courant car nous ne sommes pas du genre à balancer des
trucs par derrière.
Tout se passe très bien, Nico fait son possible pour
promouvoir chaque sortie, il s’occupe de ses groupes comme une mère poule haha ! Kaotoxin ne sort pas des disques à la pelle, chaque album est défendu bec
et ongle, mieux vaut ça qu’être un groupe anonyme parmi tant d’autres sur un
gros label. Nous sommes satisfaits de la promotion et de la communication, il
est réactif et n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis, même dans des
domaines ou il n’y est pas attaché contractuellement, comme par exemple aider à
se placer sur des concerts, organiser quelques dates, etc …
Quel est
ton avis sur le fonctionnement de la scène en France ? Deux sons de cloche me
parviennent toujours, les heureux et … les beaucoup moins, cependant la réponse
n’est jamais entre les deux, quel est ton ressenti ?
Tout dépend à quel niveau. Je dirais qu’on ne peut
pas affirmer que tout soit noir ou blanc. On constate tout de même un manque de
soutien évident aux groupes nationaux, je reprends souvent cet exemple : un
groupe légendaire comme Misanthrope qui joue 30 malheureuses minutes au
Hellfest caché sous une tente pendant que des groupes de Gothic / Female vocals
moisis trustent la scène principale….
Même au niveau de la majorité des auditeurs, dans
leur tête le Death Metal reste une spécialité soit américaine soit scandinave,
un groupe de quatrième zone Sevared Records ou un énième clone de Entombed les
intéressent parfois plus que ce qui se fait de mieux niveau national, ça n’aide
pas à tirer la scène vers le haut à mon sens.
Niveau Black Metal, le moindre combo pseudo Trve sans
talent est loué comme soit disant ce qui se fait de mieux, pendant que des
combos de tueurs comme Corpus Diavolis galérent en autoprod.
Concernant le Death Metal, un schisme
s’est effectué il y a 7-8 ans avec le début de la mode du revival. Le Death à
tendance moderne ou technique est quelque peu ostracisé par certaines assos UG,
qui ne jurent souvent que par le Black Metal ou le Death Old School, c’est
dommage de foutre des putains de barrières à ce niveau. Aujourd’hui le moindre
clone insipide de Grave, Bolt Thrower, Asphyx ou Incantation est accueilli à
bras ouvert sur les fests ou les dates UG, quand tu évolues dans un style plus
brutal ou technique, tu ne colles pas forcément aux attentes, c’est comme ça et
il faut faire avec.
Je ne m’étendrais pas sur le piston / copinage, les
groupes qui mendient du fric ou au contraire ceux qui allongent l’oseille pour
ouvrir pour des gros groupes, ce n’est pas spécifique à la scène française et
je tiens à ce que l’entrevue reste courtoise ...
Du côté positif, il y a quand même des passionnés qui
mouillent la chemise, l’entraide entre groupes existent encore,
et des combos parviennent à se faire petit à petit un nom à l’étranger. Mais
pour changer les choses, mieux vaut améliorer les points négatifs que se
gargariser sur les positifs, c’est valable dans la vie, dans le sport, et aussi
dans la musique.
Je suis
d’accord avec toi sur plusieurs points, cependant, as-tu des solutions ou des
idées pour rendre les choses plus équitables ?
On ne peut forcer personne à soutenir les groupes
français contre leur volonté … Peut-être une des solutions serait qu’il y ait
davantage de labels comme Kaotoxin Records haha ! Peut-être que les gros labels
nationaux devraient miser davantage sur leurs compatriotes, comme le fait
actuellement Season Of Mist avec Benighted par exemple.
Mais dans un sens il n’y a pas grand chose à faire,
les gens achètent peu de disques et les sorties se multiplient : offre forte +
demande faible = activité économique en berne … Ajoutez à cela la difficulté
d’avoir des salles de concerts disponibles et la propension des gens à se
déplacer uniquement pour les très grosses cylindrées, et on voit que le mal est
assez profond.
Revenons à
NEPHREN-KA, quels sont vos projets ? Un album pour 2015 ? Des concerts ?
Oui, nous avons encore quelques concerts de prévus pour
2015 : le D-Viation fest d’Albertville, une date à Paris et quelques dates qui
devraient se concrétiser dans le Nord / Belgique.
Pour ce qui est d’un nouvel album, 2015 me paraît un
peu tôt, il nous reste encore un peu de travail pour composer un full lenght,
2016 est une échéance plus probable. Normalement le français fera son
apparition sur certains titres, et bien sûr plus que jamais, le disque baignera
dans l’atmosphère de Herbert et Dune.
Notre autre projet est de continuer à nous produire
sur scène et de trinquer avec un maximum de metalheads !
Pas de
dernière question sur Shades of Blog, mais un espace libre, EXPRIME-TOI !
Merci à toi de nous donner un espace pour nous
exprimer.
Etant donné que je suis le premier à protester
concernant le manque de visibilité de la scène française : voici quelques
recommandations pour tes lecteurs concernant des groupes qui tuent : Affliction
Gate, Antropofago, Corpus Diavolis, Ritualization, Architect Of Seth,
Vintergeist, Dysmorphic, Charnier, Ars Moriendi, Brutal Rebirth, Darkenhold,
etc …
N’hésitez pas à nous contacter : beergrinder@voilà.fr
N’oubliez pas : Praise Shai Hulud !!!
Facebook Nephren-Ka
Store pour vous procurer albums et Merch
Cette interview est une belle l’occasion de faire une petite piqure de rappel pour celles et ceux qui auraient raté la sortie du premier album longue durée de Nephren-Ka : The Fall of Omnius.
Sortit en 2013, The Fall of Omnius succède à « Revenge and Supremacy » premier EP paru en 2010. Musicalement, nous sommes dans un Death Metal technique et brutal. Ce qui frappe sur cet opus c’est la parfaite combinaison entre la brutalité pure et la technique, aucunes des deux n’est privilégiées, elles sont complémentaires et indissociables.
Évitons donc les poncifs et tirades du genre « ça tue sa mère, ça déglingue, ça pulvérise, ça envoie le pâté ... » ça serait presque une injure au travail que Nephren-Ka a effectué pour arriver à ce niveau. Chaque notes, accélérations, breaks et solo sont méticuleusement pensés et placés, rien n’est fait au hasard, tout est réfléchi. Si tout n’est pas parfait (la perfection étant tout de même un concept selon moi) et là je pense directement à un son qui manque un peu de puissance et à une production étouffée qui de fait rend le tout un peu linéaire. C’est d’ailleurs bien dommage puisque les neuf titres composants l’album sont diversifiés tout en gardant homogénéité et cohérence.
Mais le plus embêtant pour Nephren-Ka, et c’est dit en toute franchise, c’est qu’ils soient français ! Un groupe américain produisant ce genre d’album serait acclamé et aurait le tapis rouge de déroulé pour venir dans nos salles de concerts, mais pour un groupe auvergnat ... L’histoire est différente.
En écoute : Nephren-Ka - The Fall of Omnius
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Facebook Nephren-Ka
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Mini review de The Fall of Omnius
Cette interview est une belle l’occasion de faire une petite piqure de rappel pour celles et ceux qui auraient raté la sortie du premier album longue durée de Nephren-Ka : The Fall of Omnius.
Sortit en 2013, The Fall of Omnius succède à « Revenge and Supremacy » premier EP paru en 2010. Musicalement, nous sommes dans un Death Metal technique et brutal. Ce qui frappe sur cet opus c’est la parfaite combinaison entre la brutalité pure et la technique, aucunes des deux n’est privilégiées, elles sont complémentaires et indissociables.
Évitons donc les poncifs et tirades du genre « ça tue sa mère, ça déglingue, ça pulvérise, ça envoie le pâté ... » ça serait presque une injure au travail que Nephren-Ka a effectué pour arriver à ce niveau. Chaque notes, accélérations, breaks et solo sont méticuleusement pensés et placés, rien n’est fait au hasard, tout est réfléchi. Si tout n’est pas parfait (la perfection étant tout de même un concept selon moi) et là je pense directement à un son qui manque un peu de puissance et à une production étouffée qui de fait rend le tout un peu linéaire. C’est d’ailleurs bien dommage puisque les neuf titres composants l’album sont diversifiés tout en gardant homogénéité et cohérence.
Mais le plus embêtant pour Nephren-Ka, et c’est dit en toute franchise, c’est qu’ils soient français ! Un groupe américain produisant ce genre d’album serait acclamé et aurait le tapis rouge de déroulé pour venir dans nos salles de concerts, mais pour un groupe auvergnat ... L’histoire est différente.
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En écoute : Nephren-Ka - The Fall of Omnius
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Shades of God.
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