La sortie d’un album de Melechesh est toujours un événement. Depuis leurs débuts en 1993 le groupe n’a cessé de surprendre, de créer et de peaufiner son style si unique et particulier. Savant mélange de Black Metal et culture orientale, leur musique complexe est toujours le fruit d’un travail mûri et réfléchi. Une fois de plus Melechesh a placé la barre haute avec ce nouvel opus « Enki » , qui risque de vite s’imposer comme une des sorties incontournables du début de l’année 2015.
J’ai connu Melechesh il y’a bien des lunes de cela. J’étais alors un jeune homme fougueux, curieux et très écorché vif. Mon ami Joachim, véritable encyclopédie métallique m’a alors fait découvrir ce groupe si spécial. J’ai vite été subjugué par cette musique venue d’ailleurs, un peu comme avec Orphaned Land. Techniquement au dessus de bien des combos, la différence venait de cette influence orientale que Melechesh incorpore dans ses compositions et qui lui donne une dimension extraordinaire. Depuis j’ai suivi la carrière du groupe de près, j’ai même été en contact quelques temps avec Moloch, ancien guitariste, qui faisait ses études dans la région où j’habite, et qui, aujourd’hui occupe un poste de professeur à l’université de Jerusalem.
On va passer à la chronique ...
Enki est donc la neuvième sortie du groupe, le sixième album longue duré. Depuis son prédécesseur The Epigenesis paru il y’a cinq ans, Melechesh a connu quelques aléas, notamment dans son line-up avec le départ de Moloch (pour les raisons précédemment citées) mais aussi au poste de batteur. Pour Enki, c’est un ancien membre qui compte parmi les fidèles amis de Ashmedi, le dénommé Lord Curse qui a enregistré les parties.
Cette nouvelle oeuvre démarre très fort avec le somptueux Tempest Temper Enlil Enraged, intro des plus sommaires et c’est une réelle avalanche, le titre est violent, colérique, très brute de décoffrage. Les bases qui ont fait la renommé du groupe sont très vite posées, riffing complexe, batterie aux multiples changements de tempos, vocaux très black; l’album pouvait difficilement mieux débuter. Les 6’32 minutes d’ouverture sont un régal absolu. À peine le temps de souffler que la suite vous remet un coup derrière la tête, The Pendulum Speaks est dans la continuité, toujours ces riffs complexes qui donnent l’impression d’un duel sans fin entre les deux guitares et que dire de la batterie ? Sincèrement c’est de la haute volée, le touché de Lord Curse est tout simplement admirable, violent et souple à la fois, il fait plus que contribuer à la base rythmique, il est presque un élément à part entière. Vient le troisième titre et la petite surprise ... Lost Tribes est en effet un morceau qui accueille un guest en la personne de Max Cavalera ! Choix ma foi curieux mais bien pensé. Le gros Max, comme certains aiment le surnommer a un timbre de voix qui accompagne très bien la musique de Melechesh, du moins sur ce titre, qui lui aussi dépasse les 6 minutes. C’est un sans faute jusque maintenant, sans pour autant révolutionner un style qu’il a lui même créé, Melechesh sonne comme ... Melechesh.
Il n’y a pas que musicalement que le groupe fait un travail d’esthète, Ashmedi apporte une grande importance également aux paroles. Pour Enki c’est une nouvelle fois le cas. Les thèmes abordés sont le chaos ainsi que la dualité. L’approche est très philosophique et Ashmedi use de métaphores pour faire passer certains messages, comme le fait qu’il ne s’est jamais senti accepté en Hollande (pays où il réside) ou bien même dans le monde du Metal, puisque lui même se dit être à part. On pourrait voir cela comme une sorte d’arrogance, sauf que quand on connait un peu le personnage et l’histoire du groupe, on sait que ce n’est pas le cas. Ashmedi ou Moloch sont des personnages très attachants, carrément gentils même.
Au final Melechesh signe ici une nouvelle oeuvre technique et violente, dont il a le secret,. Enki s’inscrit dans la continuité du travail amorcé il y’a plus de vingt ans maintenant. Difficile de dire si un pallier a été franchi tant ce groupe a déjà prouvé qu’il est bien en marge du reste de la scène. Toujours est-il que cet opus est formidable. Et comme il est en écoute gratuite et légal, je vous laisse vous faire votre opinion.
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En écoute : Multiple Truths
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Shades of God.
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