lundi 18 mai 2015

Les ITW de Shades of God


Décidément, la scéne Grindcore française regorge de talents. Yattaï ne prouvera pas le contraire, bien évidemment. J’ai décidé d’offrir la parole à un groupe et à un homme, Gautier, qui ne l’a pas souvent. Pourtant, ce passionné a beaucoup de choses à dire, que cela soit sur sa musique, sur la scène Grind, ou sur les structures comme les associations, les micro labels et les collectifs ...

(Un streaming complet et légal de Fast Music Means Love, dernière sortie du groupe, est disponible en bas de l’article)

Shades of Blog - Salut Gautier, merci de m’accorder un peu de ton temps. Peux-tu présenter Yattaï pour ceux qui ne vous connaissent pas ?

Gautier : Alors d’abord merci à toi de nous accorder une interview. Tu me croiras si tu veux, mais en plus de 11 ans de carrière, nous avons dû en donner moins d’une dizaine hé hé !!!

Yattaï est une entité maléfique qui vénère satan… Ah non c’est pas ça, je me trompe ! Yattaï s’est formé en 2004. En fait nous étions des transfuges de plusieurs groupes, de bons potes en somme, qui cherchaient à faire du Grind, ni plus ni moins. Le moteur du groupe a toujours été le plaisir. Le plaisir de créer, de partager notamment sur scène, et en faisant des splits. Je crois que c’est avant tout une force positive qui anime le groupe.

Quel est le concept du groupe ? Si toutefois il y’en a un ?

On s’est longtemps cherché. D’abord rien que du growl, puis il y a eu divers passages aux inspirations multiples. En vain. Au final, aujourd’hui, quand il y a des paroles (ce n’est pas le cas systématiquement hé hé), cela aborde un sujet donné, personnel ou plus général, qui me touche et c’est bien plus facile ainsi, tu t’en doutes !

Du coup « The last one before you go » est un hommage à notre premier batteur parti à des milliers de kilomètres par exemple. « Everything but friendship » elle, aborde des choix que j’ai fait à un certain moment de ma vie. Durant cette période, je me suis aperçu que je pouvais quasiment tout perdre. Ce qui était important, c’est surtout l’amitié que me porte mes amis proches. « Can’t stand » relate également une partie sombre de ma vie durant laquelle je ne voyais aucune issue possible. « Fast and Furious 3 » est plutôt un petit pamphlet gentiment méchant parlant de tous ces puristes qui savent toujours mieux que les autres, sur ce qui doit être Grindcore ou non. Je suis un grand amateur moi-même de cette musique et j’avoue que parfois ces échanges me saoulent copieusement car finissent en grand débat moralisateur…

« Fast Music Means Love » est le simple constat après toutes ces années que le Grindcore, la musique extrême en général même d’ailleurs, c’est une petite famille avec tout l’amour, toute la passion que cela drainent au passage. Tout simplement.

Pour terminer de répondre à ta question, nous sommes un peu en dilettante sur le principe même de concepts et de paroles. Nous avons juste décidé de rester simples et sincères (quoiqu’un peu piquants des fois) quitte à être décalés. A l’image de nos pochettes d’ailleurs. Mais si on devait citer un groupe en référence au niveau paroles, je dirais plutôt SPAZZ que NAPALM DEATH pour simplifier.

Question un peu conne, mais je l’aime bien ! Pourquoi faire du Grindcore ?

Parce que ça défoule ! J’ai vraiment la sensation que cela correspond réellement à un exutoire nécessaire pour certains d’entre nous.

On venait pour la plupart du Death Metal ou assimilé auparavant. Je pense qu’on voulait s’émanciper de ce carcan en proposant des morceaux courts, venant des tripes. Voilà c’est ça le truc ! Faire véritablement de la musique de cœur, de tripes, pas de la musique de tête. On balance, ça passe ou ça casse, mais il faut vraiment fonctionner à l’instinct, à l’urgence.

Et enfin et surtout, c’est qu’on évolue depuis longtemps dans un système qu’on trouve particulièrement enrichissant d’un point de vue humain avec : les espaces auto gérés et les micro labels. Bref des structures en marge, mais aux côtés desquelles nous nous sentons en phase. Je crois que l’école de la débrouille fait partie de l’amour que l’on porte à ce qu’on fait et à la scène dans laquelle on grandit en général.

Je crois savoir que tu fais partie du collectif Bonobo, tu peux nous en dire plus ?

Je ne suis qu’une pièce rapportée du collectif. Il est composé de Bert (guitariste chez GRUNT GRUNT et bassiste chez VENGEANCE), Marie et Thibault (respectivement chanteuse et batteur chez VENGEANCE).

Ce collectif sous forme d’association a pour but de promouvoir des groupes locaux VENGEANCE, GRUNT GRUNT et YATTAÏ donc, mais aussi du blues, STOP II, MISS ARKHANSAS 1993, quel que que soit le support.

L’association organise également quelques concerts. Bref, ce sont des gens motivés, et qui consacrent le temps qu’ils peuvent à d’autres qu’eux, et rien que pour ça je les respecte et ai décidé de leur filer la main. J’ai mis quelques temps avant de saisir où je pouvais réellement me rendre utile, et il semble qu’ils soient tous plus mauvais que moi en communication internet donc je vais sauter dans la brèche pour mettre à jour l’ensemble des pages associées aux différents groupes qui composent le collectif hé hé !!!

J’en profite pour faire la promotion de leurs dernières sorties en date : VENGEANCE/STRIVER split 7, VENGEAN/JUGULAR SCARS split 7, GRUNT GRUNT/P.U.T. split CD, YATTAI « Fast Music Means Love » CD Edition, STOP II LP.

Checkez leur blogspot :


En ce moment, y a un mega pack full force grind avec VENGEANCE/STRIVER split 7, VENGEAN/JUGULAR SCARS split 7, GRUNT GRUNT/P.U.T. split CD, YATTAI « fast music means Love » CD Edition pour 20€ port compris ! Foncez, vous ne le regretterez pas !

Votre album « Fast Music Means Love » est en téléchargement gratuit sur Bandcamp, pourquoi l’offrir ?

Pourquoi le faire payer alors qu’il est déjà dispo en téléchargement dit illégal un peu partout pour qui sait bien chercher ?

Je reste persuadé que ceux qui aiment vraiment la chose l’achèteront en support physique. Au final, le mettre en prix libre (donc zéro si vous ne souhaitez pas payer) est le meilleur moyen de le diffuser à plus grande échelle.

J’insiste beaucoup sur ce point, mais nous cherchons avant tout à partager avec les gens, donc la gratuité du téléchargement nous paraît juste une évidence.

Je comprends et partage ton point de vue, cependant, pour faire fonctionner les labels et groupes, il faut un minimum d’argent, ne serait-ce que pour le fond de roulement. La gratuité c’est bien, mais faire entrer un peu de cash permet d’offrir des produits avec un meilleur packaging et faire de la promo. Trop de groupes y sont de leurs poches de nos jours.  Quel est ton sentiment là-dessus ?

Eh bien je te répondrais qu'il est évident que YATTAÏ a fait plus d'argent avec le téléchargement à prix libre (et donc gratuitement pour ceux qui ne veulent pas payer) que si nous avions vendu l'album en ligne 5€. Le nombre de personne à travers le monde qui on filé un euro par ci, deux euros par là est assurément plus important que si nous avions mis l'album à un prix fixe.

Déjà en soi payer pour un album non physique est une aberration à mes yeux. On paie pour un album qu'on ouvre, qu'on insert sur sa platine, qu'on feuillette, pas pour des fichiers.

Personnellement je ne paierai jamais pour un téléchargement. Partant du vieil adage qui dit ne fais pas subir aux autres ce que tu ne voudrais pas subir toi même, les albums restent en prix libre.

N'oublions pas non plus que les seules plateformes compétentes en termes de téléchargement sont des multinationales qui se sucrent au passage.

J'ai déjà un problème moral à utiliser des outils comme facebook ou bandcamp, loin de moi l'idée d'aller voir iTunes ou autres.

Les labels, ce n'est pas sur les téléchargements qu'ils font leur fonds de roulement, pareil pour les groupes. Même la vente de disque en ligne est faiblarde. Ce sont les disques, les vrais, le nerf de la guerre et surtout leur diffusion sur le terrain.

Pour qu'un album puisse se rentabiliser, il faut tourner, sortir, échanger. C'était vrai avant, et c'est toujours d’actualité.

Quand on fait du grind, on en est toujours de sa poche, il ne faut pas se leurrer. Si ça dérange, il faut changer de musique. C'est vrai pour l'ensemble des groupes et structures dits extrêmes.

Le but du jeu quand on évolue dans ce style c'est plutôt de ne pas perdre d'argent que d'en gagner. Mais rendre le téléchargement payant ne changera aucunement la donne si ce n'est que cela va limiter ta diffusion. Autant ne pas se tirer une balle dans le pied. On arrive à faire notre promo sans les labels la plupart du temps, à payer une partie des frais divers sans forcément systématiquement puiser dans nos ressources personnelles. Si nous on y arrive, c'est que nombreux sont dans ce cas, car nous ne sommes pas des exemples de tournée et de gestion, loin s'en faut.

Après, on fait aussi face à une nouvelle mouvance de groupes qui veulent jouer dans la cour des grands sans en avoir les moyens. Ces mêmes groupes qui après communiquent tout le temps sur le fait qu'il leur faut de l'argent. Déjà, je trouve que ce type de communication est déplacée (et ne me parlez pas des projets financés type Ulule et compagnie, ça m'énerve au plus haut point) parce que le public n'en a rien à foutre et ne viens pas te plaindre d'avoir eu les yeux plus gros que le ventre.

Si tu veux te payer un studio tendance qui coûte la peau des roubignolles, te payer l'artiste tendance pour ta pochette, libre à toi mais ne viens pas pleurer.

Et qu'on arrête, il est possible d'avoir un super son et une super pochette autrement.
Donc il est quand même globalement question d'attitude dans cette histoire de téléchargement gratuit ou non.

La crise de l'industrie du disque n'a changé les choses que pour les labels qui en vivotaient. Je suis peiné pour Bones Brigade par exemple, après tout ce travail accompli, ça me navre de savoir qu'il en chie. Mais les micro labels vendent autant qu'avant ou presque. La scène dans laquelle on évolue est assez dédiée quand même, les mecs suivent et prennent des disques.

Revenons sur l’album si tu veux bien, comment s’est passée sa création ? Vous composez en répétition ou à distance comme le font beaucoup de groupes maintenant ?

L’album est déjà une pièce ancienne pour nous. Il a mis très longtemps à se faire et à sortir mais il a été enregistré en 2011 juste avant que notre premier batteur nous quitte. Cet album (même si je déteste ce terme, ça ne fait que 16mn, à nos yeux c’est plutôt un EP) a été composé comme tous nos anciens enregistrements : en répète, à l’instinct, avec les tripes.

Nous avons travaillé avec Maxence ces dernières années, très bon batteur mais qui habite très loin. Les morceaux ont donc été composés à distance et ça s’en ressent (les 5 morceaux bonus du CD sont plus techniques, avec un vibe plus Death Metal par certains aspects).

Bien que ce soit le meilleur batteur avec lequel nous avons travaillé, nous avons du nous séparer de lui récemment car nous souhaitions retrouver l’entrain que nous avions autrefois. Thib, batteur de VENGEANCE officie donc depuis peu en notre sein. Et croyez moi, les morceaux s’en ressentent beaucoup.

Quelles sont les influences principales de Yattaï ?

Disons que ça change avec les années mais si on ne devait en citer quelques uns, ce serait REGURGITATE et MAGRUDERGRIND.

En ce moment je sens pointer quelques influences du type EXCRUCIATING TERROR et  NAPALM DEATH dans les riffs, mais ce sera aux gens d’en juger. Nous, on balance, on voit si ça tourne et après, c’est aux auditeurs de prendre le recul sur la question.

Tu penses quoi de l’idée d’un split CD avec 5 groupes de Grind français, ayant pour but la promotion du French Grindcore à l’étranger ?

Je te dirais banco, vas y je suis preneur ! Bien des splits regroupant plusieurs groupes français sont déjà sortis (j’avais, à l’époque où j’avais un label, moi même sorti le split entre SICKBAG/ELYSIUM/DISASTER/ DESECRATOR) mais bien des splits restent à faire. Surtout que la scène française actuelle est juste incroyable et combiner certains groupes serait judicieux.

Yattaï sur scène c’est comment ?

Pour sûr, on ne la joue jamais à l’économie ! Comme sur les disques, nous voulons juste en mettre plein la tronche car c’est pourquoi paient les gens qui viennent voir ce type de concert non ? Alors qu’ils soient deux ou deux cents, ça sera la même.

La notion d’exutoire devient plus palpable pour quiconque nous voit sur scène ha ha !

Gautier, je te remercie pour cette interview, sur Shades of Blog pas de dernière question, mais un espace libre, je t’en prie : EXPRIME-TOI !

Merci à SHADES OF BLOG pour l’interview.

Merci à ceux qui nous soutiennent depuis tout ce temps et ceux qui rejoindrons les rangs si je puis dire.

Merci à ceux qui auront pris le temps de lire cette interview.

Jetez une oreille ici, et si vous vous voulez télécharger, y a tout et c’est gratos :


 Peace, love and blast beat !


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Bandcamp

En écoute : Fast Music Means Love : 



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Shades of God.

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