jeudi 18 décembre 2014

Rencontre avec Nico de chez Kaotoxin Records



Kaotoxin Records  est un label indépendant du Nord de la France, si son nom ne vous dit rien, il fait pourtant son bonhomme de chemin et ses artistes  n'y sont bien évidemment pas pour rien, son gérant Nico s'est volontiers prêté à une petite interview où il nous parle avec recul et franchise de sa petite entreprise mais aussi du "business" en général ... 


ShadesOfBlog : Salut Nico, peux tu en deux mots nous présenter ton label et nous parler de la motivation à créer celui ci ?

Nico Kaotoxin Records : Hello, Shades Of God, Kaotoxin est un label « Metal éclectique » qui a plus ou moins début en Août 2010 avec une première sortie « autonome » en Janvier 2012 (c’est une longue histoire…). Nous sommes donc en Décembre 2014 et nous préparons déjà notre 48ème sortie. Le temps passe vite ! Depuis sa création, Kaotoxin a un leitmotiv : ne pas se laisser enfermer dans un recoin d’une scène en particulier et proposer à des mélomanes curieux et exigeants ce que nous considérons être des découvertes de qualité. C’est ainsi que nous avons sorti les premiers albums de groupes tels que Eye Of Solitude, Ad Patres, We All Die (laughing), Sidious et bien d’autres encore. Nous élargissons sans cesse notre spectre musical en tâchant de n’être jamais redondants dans le choix de nos artistes même si, pour certains, la distinction entre deux groupes tels que VxPxOxAxAxWxAxMxC ou Putrid Offal ne sera pas forcément évidente, pour nous, il s’agit vraiment de deux univers différents, même si tous deux officient plus ou moins dans le Goregrind, par exemple. A ce jour, hormis quelques nouvelles signatures en vue pour 2015, le catalogue du label est relativement complet avec des artistes aussi différents les uns des autres comme 6:33 et Dehuman, Drawers et Miserable Failure, etc. Nous amorçons donc un virage tendant à développer les talents de notre écurie plutôt que d’en signer de nouveaux à tour de bras comme nous l’avons fait les premières années. C’est dans ce but, aussi, que nous avons créé notre propre festival, le Kaotoxin Fest dont la première édition vient de se terminer.







SoB - Justement, récemment à eu lieu le premier Kaotoxin Fest, à Lille, ce projet a-t-il été compliqué à mettre en place ?

N. - Nous avons organisé une centaine de concerts entre 2011 et 2012, dont un festival, le Lille Winter GrindFest et nous sommes désormais une petite équipe bien rôdée à ce niveau. Ce fut donc, même si nous avons eu un sacré lot de soucis mineurs de dernière minute comme tout un chacun, étonnement plutôt simple et je tiens à profiter de l’occasion pour remercier tous les bénévoles et tous les artistes qui ont joué le jeu pour permettre au public de bénéficier d’un festival à l’affiche unique sans pour autant avoir à hypothéquer un rein. Un double remerciement en ce sens à The Lumberjack Feedback qui, en plus de jouer et prêter l’ensemble de leur backline, ont, en plus, géré tout l’aspect technique. Plus que le festival du label, c’est surtout une aventure entre amis et ils font largement partie !

SoB - Quelles sont tes motivations à signer un groupe ?

N. - C’est dur à résumer et, en même temps, il n’y a pas vraiment de « recette » : tout se joue vraiment au coup par coup, en fonction de l’artiste mais une chose est certaine : nous avons une exigence de qualité et devons partager une certaine vision des choses quant au développement de leur carrière et la façon dont, en commun, nous souhaitons nous y prendre. Mais au-delà de ça, il y a aussi beaucoup d’humain, là-dedans, aussi.

SoB - Selon toi, il a t-il une surproduction dans le milieu du Metal ?

N. - C’est un critère assez industriel, ça, la « surproduction ». Je ne parlerai pas en ces termes, en ce qui me concerne. Je pense que chacun a le droit de défendre son art comme il l’entends et à ce titre de le produire ou faire produire et de tâcher de le faire connaître. Cependant, si on parle « d’intérêt », là on atteint un côté subjectif et, très sincèrement, j’ai parfois, en écoutant la vingtaine de démos que je reçois quotidiennement, du mal à trouver un intérêt particulier à la majeure partie des groupes. Disons qu’à mon sens, il y a énormément de redondance stylistique et artistique sans que, pour autant, ça ne dévalorise la qualité de telle ou telle production. Certains trouveront sans nul doute qu’il en va de même pour certains artistes de Kaotoxin. Cependant, à nouveau, c’est très subjectif.


 "À sa sortie, le « Sui Caedere » de Eye Of Solitude n’a pas du dépasser les 100 copies vendues. Aujourd’hui, le groupe est notre plus gros vendeur et cet album en est déjà à son deuxième repressage."


SoB - Généralement tes sorties sont limitées à 1000ex, est ce un choix primant sur la qualité ou une triste réalité des choses avec des ventes pas toujours au rendez vous ?

N. - La plupart ne le sont pas, en fait. Les EPs sont majoritairement limités, sans repress, oui, effectivement, mais les albums, jamais. Nous proposons des éditions limitées des albums (DigiSleeve, double CD, etc.) sur les 1.000 premiers exemplaires, pour remercier les fans des artistes et du label et, ensuite, des repressages moins chers, même si toujours de qualité, pour permettre aux gens de découvrir à moindre frais. Mais il est évident que quand je compare les ventes des années 90 avec celles de nos jours, c’est sans aucun rapport, en termes de volume. Après, le choix fait par le label de choisir des artistes émergeants plutôt que de sortir des vinyls limités de grosses productions en licence (il y a des spécialistes de ça…) pour engranger un maximum d’argent tout de suite, est plutôt périlleux et, à ce titre, c’est plutôt sur le long terme que nous envisageons les choses. Par exemple, à sa sortie, le « Sui Caedere » de Eye Of Solitude n’a pas du dépasser les 100 copies vendues. Aujourd’hui, le groupe est notre plus gros vendeur et cet album en est déjà à son deuxième repressage.

SoB - D’ailleurs, quelles sont selon toi les armes efficaces contre le téléchargement illégal ?

N. - Je ne pense sincèrement pas qu’il y ait besoin de lutter contre ça. Le fait est que, pour des structures investissants des dizaines de milliers d’euros dans une sortie, c’est désespérant de voir que les ventes ne sont pas au rendez-vous alors que la dite production est téléchargée des milliers de fois et semble trouver un public « non-payant ». Cependant, pour nous, à notre niveau, on a plus tendance à le voir comme un outil de promotion : on ne l’encourage pas, mais je pense que ça doit parfois aider à ce que nos artistes soient découverts par un public que notre maigre budget publicitaire n’aurait pas pu toucher.

SoB - L’année 2014 fut très productive pour le label, comment vois tu 2015 ?
N. - Elle ne fut pas plus productive que 2012 ou 2013, en fait : environ une sortie par mois, c’est notre rythme de croisière, semble-t’il. 2015 démarre déjà sur les chapeaux de roues avec les albums de 6:33, Putrid Offal et Dehuman et bien d’autres sont en préparation (Antropofago, Infected Society, The Lumberjack Feedback…). Nous allons donc garder ce rythme soutenu, mais ce sera clairement une année de transition, en quelque sorte, dans la mesure où, à nouveau, hormis quelques rares nouvelles signatures, nous allons surtout tâcher d’aider les artistes présents au catalogue à passer à la vitesse supérieure.

SoB - Nuclear Blast et Century Media se partagent les groupes groupes, quel est ton avis de label indépendant la dessus ?

N. - C’est un peu vite faire l’impasse sur Relapse, Season Of Mist ou encore Metal Blade à mon sens, mais, effectivement, ce sont deux poids-lourds. Ceci dit, Nuclear Blast est un indépendant, comme 99% des labels de Metal et je n’ai pas d’avis spécifique sur la question : on a un label à la taille de ses artistes et des artistes à la taille de son label. Je me rappelle faire du trade avec Markus Staiger de Nuclear Blast à la fin des années 80 et ses 7" de l’époque avaient du mal à rencontrer leur public, pour le moins. Cependant, il a mené sa barque de main de maître et voilà où il en est aujourd’hui. Tout le monde connaît aussi la mythique histoire de Michael Berberian de Season of Mist et la signature de Mayhem. Je n’ai que du respect pour ces gens-là, vraiment. Après, chacun se fixe ses objectifs et les miens ne sont pas à ce niveau. Même si j’avais la prétention de me croire capable d’accéder à leur niveau, ce qui n’est clairement pas le cas, je n’en ai juste pas l’envie. Je veux vraiment que Kaotoxin reste une petite structure, viable certes, mais petite, et des acteurs du secteur comme Season of Mist qui nous distribuent, nous aident en ce sens. Être aussi bon que Debemur Morti ou Listenable suffirait amplement à mon bonheur mais, rien que pour ça, il y a encore du boulot, et pas qu’un peu !

SoB - Si tu pouvais signer le groupe de tes rêves, qui serait il ?

N. - Abba ? Non, sincèrement, je ne sais pas. Je ne fais pas partie des « fans ». J’aime la musique pour elle-même et tous les groupes ont des qualités et des défauts, comme tous les labels. Les groupes que je signe, même si ça fait vraiment hypocrite ou vendeur de soupe de dire ça, crois-moi, c’est vraiment sincère, sont tous, d’une façon ou d’une autre, des groupes « de mes rêves ».

SoB - Merci Nico pour ta gentillesse et disponibilité, que peut on te souhaiter pour l’avenir ?

N. - De rien ! Que ton dos te foute la paix et qu’on se boive une bière au Kaotoxin Fest #2 ? Merci à toi, l’ami !

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